Ré-EMPLOI
QUELQUES HISTOIRE DE Ré-EMPLOI
PASSION ARCHITECTURE 80Les enjeux du réemploi ne sont plus à démontrer, et les acteurs du bâtiment commencent à s’organiser. Des plateformes de gestion des ressources apparaissent, la massification des pratiques est lancée.
La phase expérimentale bascule progressivement vers la constitution de filières, avec des montages encore compliqués car souvent attachés à des financements obsolètes.
Difficultés de l’accès aux ressources, gestion de la pénurie, réduction des émissions de carbone… l’actualité en confirme chaque jour un peu plus l’évidence.
Les histoires qui suivent, illustrent une autre dimension du réemploi, celui de la petite échelle, et notre conviction que la valeur d’exemple est au cœur de cette histoire.
1983 Le Thoronet - Var
L’architecte en chef des monuments historiques du Var, Jean-Claude Yarmola, retrouve la pierre tombale d’un des moines fondateurs de l’abbaye du Thoronet. La belle et grande pierre est devenue le balcon d’une maison ancienne en centre-ville voisin.1985 Le Thoronet - Var
Le budget du ministère de la Culture est serré. Le même ACMH appelle à la rescousse une de ses vieilles connaissances de régiment, devenue amiral à la base navale de Toulon. Le parking des visiteurs de l’Abbaye sera bordé par l’ancienne chaîne d’ancre d’un navire en partance pour la casse.1998 Visite de la citerne Basilique d’Istanbul – Turquie
Deux des 336 colonnes monolithiques reposent sur des blocs de réemploi, les têtes de Méduse, magnifiquement sculptées, et posées à l’envers. L’anecdote et le mystère participent à l’attractivité touristique du lieu.2004 La Goutte d’Or – Paris 18
Le ravalement structurel de l’immeuble 42 rue Polonceau, sauvé de la démolition grâce à notre contre-diagnostic moins fatal. Le budget est ultra serré et certains des garde-corps d’origine ont disparus ou sont trop abimés pour être réparés. L’immeuble profitera de la démolition d’un quasi frère situé un peu plus loin, rue Léon, pour récupérer les éléments de fonderie. Petite ironie de l’histoire, c’était la même entreprise de démolition qui avait rédigé le diagnostic initial... Et où l’on apprécie la quasi standardisation de la fenêtre faubourienne...2016 Bénerville – Calvados
La question du mobilier de la cuisine est posée à la fin de ce chantier de près de 2 ans pour restaurer un manoir normand installé en bord de mer. Le talent des restaurateurs a eu raison du budget et chassent l’idée initiale d’une cuisine ultra-contemporaine. La cliente, Madame C. achète une dizaine de vaisseliers des années cinquante sur le Bon coin, dont nous faisons le relevé et le projet d’assemblage. Le symbole domestique de la classe moyenne d’après-guerre change de CSP.2017 Caserne de Reuilly - Paris Habitat – Paris 12
Dans la maison du projet, la jeune entreprise, ROTOR présente plusieurs propositions de réemploi parmi lesquelles la transformation d’une façade de meuble de bureau en placard haut de cuisine : intelligence du trait de coupe, qualité du bois et de l’assemblage. L’évidence de la démonstration est frappante. Elle déclenche une très grande envie de faire pareil, et renforce le sentiment que faire inventaire avant de faire projet doit bientôt la norme. On doit passer de la démolition à la déconstruction. La transformation du déjà-là participe au récit, intégrant la petite échelle dans la grande. Réemploi qui fuse.2021 HBM du 5 rue Sthrau – Paris Habitat - Paris 13
La réhabilitation en site occupée de 120 logements, tout juste centenaires, nous donne l’occasion de procéder à un incroyable inventaire. Nous rencontrons tous les habitants, mesurons et relevons chaque logement, le mobilier, mesurons leur attachement, et proposons de les accompagner chacun dans cette nouvelle histoire.Le meuble de cuisine :
La refonte des 120 cuisines est au programme : nous aurons à livrer 120 meubles éviers et meubles haut contenant la chaudière individuelle.
La frugalité constructive de ce premier HBM limite les ressources disponibles, mais la suppression de nombreuses portes de distribution (toute d’origine) par la redistribution des logements, va nous permettre de lancer le prototype des placards, dont la fabrication est confiée à la régie de Paris-Habitat qui dispose d’un atelier de menuiserie à proximité et très opérationnel.
La porte à panneau de 73 cm par 215 cm est en pin : cadre d’assemblage de sections de 110 X 30 mm et remplissage par panneau fin de 10 mm léger, à la bordure moulurée.
Une seule porte permet de réaliser les façades des meubles haut et bas, nécessitant des compléments latéraux pour tenir la côte de l’évier de 90 cm.
Le résultat est à la hauteur de l’effet attendue. Le meuble s’inscrit d’office dans la pièce.
L’intérêt d’une alternative à l’agglo mélaminé est évident, comme la qualité de l’assemblage du travail de la régie.
La porte de la chambre :
Le nouveau cloisonnement de la chambre nécessite de déplacer une porte. La porte ancienne a l’avantage d’être sur place, d’être belle et plus haute qu’une porte standard, et permet la conservation des poignées à bouton en céramique d’origine. Elle est remontée sur un bâti neuf. On tolérera un léger voile.
La porte de la chambre a toujours été là.
Le cout de l’opération n’est constitué que d’heures de travail, que de charges sociales.
Paris Habitat a inscrit le projet de Sthrau dans le programme européen du réemploi CHARM.
Nous menons à la Caserne Exelmans Paris 16, un atelier d’insertion sur site, avec l’association Aurore, 200 portes palières et 270 tables de lycée en hêtre vont nous permettre de fabriquer le mobilier du nouveau centre d’hébergement.